Que savaient les anciens Grecs des Enfers ? Où allait l’âme humaine une fois le corps du défunt incinéré ou enterré ? Dans quelle partie du corps se situait cette âme ? Était-elle réellement immortelle ? Était-elle sujette à la métempsycose ? De la poésie homérique à Virgile, en passant par Pindare, des tragédiens et des philosophes de l'époque classique et hellénistique, E. Rohde montre les divers aspects de la relation que l'homme grec entretenait avec la mort. Il retrace les conceptions relatives à l’essence et au devenir de l’âme, évoque aussi les pratiques funéraires, les cultes et les rites, souvent nourris de superstitions, dont la finitude a fait l’objet. À l’époque archaïque, les Grecs considéraient l’immortalité comme le privilège des dieux. À partir du VIe siècle, le développement de cette croyance, sous l’influence des sectes orphiques ou pythagoriciennes, va s’affirmer dans la société. Cela coïncide, nous dit E. Rohde, avec l’introduction des pratiques dionysiaques, des emprunts à un dieu (Dionysos) venu de Thrace. Psyché. Le culte de l’âme chez les Grecs et la croyance à l’immortalité d’E. Rohde a influencé de manière décisive les études sur la religion grecque et des générations d’historiens de l’Antiquité comme ceux des religions. Cette enquête littéraire, philosophique et historique, au style élégant, n’a rien perdu de sa pertinence. Les intuitions d’E. Rohde, la profondeur de la réflexion, séduiront tous ceux qui s’intéressent à la société antique, aux croyances dans l’Au-delà, quelle que soit leur discipline. Professeur agrégé de philologie classique, Erwin Rohde (1845-1898) a enseigné dans les plus prestigieuses universités allemandes (Kiel, Iéna, Tübingen, Leipzig). Il terminera sa carrière comme vice-recteur de l’université d’Heidelberg (1894-1895). Ami de Nietzsche, il s’implique et le défend dans la querelle autour de la parution de Naissance de la tragédie (1872) à laquelle prennent part R. Wagner, Fr. Ritschl et U. von Wilamowitz-Möllendorff. Auteur d’un grand nombre d’essais sur la littérature antique, ses deux principaux travaux d’ampleur sont Der griechische Roman und seine Vorlaüfer (1876), et le monumental Psyche. Seelencult und Unsterblichkeitsglaube der Griechen (1893-1894). Seul ouvrage à avoir été traduit en français, Psyché. Le culte de l’âme chez les Grecs et leur croyance à l’immortalité, paru en 1928 puis réédité en 1952 et 1999, est désormais un classique qui fait encore autorité aujourd’hui. |